Contenu du sommaire : Peuple, populaire, populisme
Revue | Hermès (Cognition, Communication, Politique) |
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Numéro | no 42, 2005 |
Titre du numéro | Peuple, populaire, populisme |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Peuple, populaire, populisme
- Numéro coordonné par Pascal Durand et Marc Lits- Introduction. Peuple, populaire, populisme - Pascal Durand et Marc Lits p. 11
I. Regards "érudits" sur le peuple
- De Dèmos à Populus - Michel Grodent p. 19 Dans la Grèce ancienne comme dans l'Antiquité romaine, plusieurs mots sont utilisés pour désigner le peuple, mais leur signification, positive ou négative, peut varier en fonction du point de vue de l'utilisateur. Comme la nôtre, la culture gréco-romaine distingue le peuple comme masse capricieuse (dénoncé, de manière mécanique, par les ennemis de la démocratie) et le peuple en tant qu'entité souveraine à laquelle se réfèrent les orateurs et les hommes politiques. Dans tous les cas, il faut se garder d'extrapoler à partir d'un seul texte. La tendance à déprécier le peuple est une réalité à toutes les époques comme la polarisation entre riches (« bons ») et pauvres (« mauvais »), mais dans la Rome impériale, cette dernière prend des proportions inédites. Si, depuis l'époque de César, il n'a jamais été mauvais de se réclamer du peuple contre l'aristocratie, il y a lieu de s'interroger sur le pouvoir réel dont jouissait le populus.From Dèmos to Populus
In Ancient Greece as in Roman Antiquity, several words are used to designate the people, but their signification, positive or negative, may vary in accordance to the point of view of the user. As in the our own, there is in the greco-roman culture a distinction between the capricious mass (mecanically denounced by the ennemies of democracy) and the people as souvereign entity to which the orators and the politicians are refering. In any case we must to take care not to extrapolate from a single text. The tendency to depreciate the people is a reality during all the periods as the polarization between riches (“the good”) and poors (“the wicked”), but in the imperial Rome this latest is growing bigger unusually. If from Cesar's time it was always a good thing to call upon the people against the aristocraty, there is every reason to question oneself about the real power of the populus. - L'émergence du peuple selon Auerbach - Anne-Marie Chartier p. 23
- Le peuple des philosophes - André Akoun p. 25 La notion de peuple en philosophie, depuis Platon, se veut plus fondamentale qu'elle ne l'est dans les approches empiriques sociologiques ou historiques. Il s'agit de se demander qu'est-ce qui est impliqué dans l'acte originaire, tel qu'il se donne dans les notions d'état de nature et de pacte social – bref, l'acte a priori qui fait qu'un peuple se fait peuple. En ce sens, on peut dire que la notion de peuple implique consciemment ou non celle de la démocratie.The concept of people in philosophy
Since Plato, the concept of people in philosophy makes much more fundamental sense than the meaning it takes in the empiric approach of sociological or historical research. The question is : what is implied in the originary act, as it is given by the notions of the State of Nature and of what is called since Rousseau the Social Contract – briefly, the a priori act which makes a people a People. In this sense, one can assume that the notion of people consciously or unconsciounsly implies the very notion of democracy. - De Rousseau à Marx : les métamorphoses du peuple - Patrick Chaskiel p. 32 Dans les théories philosophiques majeures des XVIIIe et XIXe siècles se pose la question du peuple, de son rapport au souverain, de son unité et de ses divisions. Une première approche considère que le contrat social constitue la base sur laquelle se détermine le rapport du peuple au souverain (et réciproquement). Alors que Rousseau met en avant l'idée d'une – difficile – « fusion » entre l'un et l'autre, Kant se réfère à la médiation des lois juridiques qui fondent et le peuple et l'État à travers l'usage public de la raison. Hegel et Marx se situent en rupture avec ces thèses. Hegel fait de l'État universaliste la fin du développement de l'Esprit, et du peuple le produit de l'universalité incarnée par le monarque. Pour sa part, Marx voit dans le prolétariat, plutôt que dans le peuple, la classe sociale qui, au travers de la lutte des classes, est à même de porter l'émancipation populaire. En dépit de ces divergences, et d'une manière qui leur est transversale, ces théories philosophiques ne manquent pas de soulever un problème fondamental très contemporain : la séparation entre deux catégories de citoyens, selon que ces derniers s'intègrent ou non dans la société.From Rousseau to Marx : Metamorphosis of the People
In the major philosophical theories of 18th and 19th centuries the question of the people arises, in his connection to the sovereign, its unit and its divisions. A first approach considers that the social contract constitutes the base on which the connection of the people to the sovereign is determined (and reciprocally). Whereas Rousseau proposes the idea of one – difficult – “merging” between one and the other, Kant refers to the mediation of the legal laws which melt and populates it and the State through the public use of the reason. Hegel and Marx are located in rupture with these thesis. Hegel made of the State universalist the end of the development of the Spirit, and of the people the result of the universality incarnated by the monarch. For its part, Marx sees in the proletariat, rather than in the people, the social class which, through the class struggle, is able to carry the popular emancipation. In spite of these differences, these philosophical theories don't fail to raise a very contemporary fundamental problem : separation between two categories of citizens, according to whether the latter are integrated or not in society. - Peuple absent, peuple introuvable : le fantôme du XIXe siècle - Pascal Durand p. 38 Le discours social du xixe siècle fait un usage abondant du mot de « peuple ». Les définitions qui en sont données – de Michelet à Larousse –, les représentations qui en sont construites – de Balzac à Zola – tendent cependant à vider le peuple de toute substance historique ou à le placer à la frontière de la civilisation. Une sociologie, une anthropologie, une physiologie, une raciologie s'additionnent en ce sens au fil du siècle, dont les schémas pèseront durablement sur l'imaginaire des classes dominantes.Vanishing People : the Ghost of the 19th Century
The word “peuple” (meaning both “people” and “working class”) is one of the most frequent in the social discourse of the 19th century. From Michelet to Larousse, from Balzac to Zola, its definitions and literary representations tend however to drain the people of any historical substance. Moreover, from one text to another, a complex blending of sociology, anthropology, physiology and raciology seems to lead the popular classes outside the very border of civilization. - De la culture populaire au patrimoine immatériel - Gérard Derèze p. 47 L'article traite du passage, dans le champ des « arts et traditions populaires » et/ou du « patrimoine ethnologique », de la notion de « culture populaire » au label de « patrimoine oral et immatériel » ou de « trésor vivant ». Abordant à la fois les dimensions disciplinaires et institutionnelles, il invite à questionner ces passages notionnels tant dans leur inscription historique que dans leur complexité et ambiguïté définitionnelles ou encore dans leurs implications scientifiques et politiques. S'inspirant essentiellement de la situation institutionnelle de la Communauté française de Belgique, les constats et les questions posées peuvent, mutatis mutandis, trouver un écho réflexif plus large.From Popular Culture to Immaterial Inheritance
The article presents the passage, in the field of “arts and popular traditions” and/or of the “ethnological inheritance”, of the concept of “popular culture” to the label of “oral and immaterial inheritance” or of “alive treasure”. Approaching at the same time disciplinary and institutional dimensions, it invites to question these notional passages as well in their historical inscription as in their definitional complexity and ambiguity or in their scientific and political implications. Being inspired primarily by the institutional situation of the French Community of Belgium, the reports and the questions can, mutatis mutandis, find a reflexive echo broader. - Les historiens français et "le populaire" - Dominique Kalifa p. 54 L'historiographie française s'est pleinement intéressée aux cultures populaires après 1960, pour en identifier les corpus spécifiques, les traits rémanents et la symbolique des rituels (Mandrou, par ex.). Mais dès 1970, la controverse surgit à propos du découpage entre savant et populaire (de Certeau, Chartier...), dans un contexte de plus grande prise en compte des modes d'échange, de circulation, d'usages. La question de la réification du peuple sous-tendait ces débats vifs. Plus récemment, la disparition du terme « populaire » au profit d'expressions de substitution (culture ordinaire, moyenne, de grande diffusion...) témoigne du malaise des historiens face à une culture populaire mal identifiable, mais qui possède des pratiques culturelles propres, trop peu inventoriées. C'est le défi de la jeune histoire culturelle.French Historians and “Popular Culture”French historiography fully was interested in popular cultures after 1960, to identify specific productions, main issues and symbolics of ritual (Mandrou, for example). But since 1970, the controversy emerges concerning cutting between high and low (de Certeau, Chartier...), in a context of rethinking the modes of exchange, of circulation, of uses. The question of the reification of the people underlay these sharp debates. More recently, the disappearance of the term “popular” with the profit of expressions of substitution (ordinary or middle culture, culture of great diffusion...) testifies to the faintness of the historians against a popular culture not much identifiable, but which has own cultural practices, too little inventoried. There is the challenge for the young cultural history.
- La "culture populaire" à l'épreuve des débats sociologiques - Dominique Pasquier p. 60 Comme l'a écrit Jean Claude Passeron, quand la sociologie française s'attaque à la notion de populaire, « la morale s'en mêle » : le populaire conduit aux deux dérives symétriques et opposées du populisme et du légitimisme. Cette formulation du débat sur le populaire apparaît être spécifique à la France, et en partie due au fait que les échanges avec les sociologies de la culture anglo-saxonne sont restés faibles. À partir de quelques publications-clés dans chacune des traditions, cet article examine les divergences entre les travaux en sociologie de la culture française, l'école anglaise des Cultural Studies, et les recherches américaines inspirées par l'interactionnisme. Il propose aussi de relier le parcours des recherches en sociologie des médias en France à travers cette histoire plus générale du sous-traitement de la catégorie du populaire dans la sociologie de la culture hexagonale.Sociology and “Popular Culture”As Jean Claude Passeron wrote, when French sociology tackles the concept of popular, “morals interferes himself” : the popular one led to the two symmetrical and opposed drifts populism and legitimism. This formulation of the debate on the popular one appears being specific to France, and partly due to the fact that the exchanges with sociologies of the Anglo-Saxon culture remained weak. From some key publications in each tradition, this article examines the divergences between work in sociology of the French culture, the English school of Cultural Studies, and the American researches inspired by interactionnism. It also proposes to connect the map of research in sociology of media in France through this more general history of the under-processing of the category of popular in sociology of the hexagonal culture.
- La culture populaire n'existe pas, ou les ambiguïtés des Cultural Studies - Jan Baetens p. 70 Cet article fait le point sur la grande diversité de la manière dont la notion de populaire est perçue dans les « Cultural Studies ». Grosso modo, les différences qui se manifestent tiennent d'abord au fait que les études culturelles ne constituent pas une discipline homogène : le poids des traditions nationales pèse en effet très fortement sur la manière dont le populaire est conçu et jugé en Grande-Bretagne et aux États-Unis (l'Europe continentale ne jouant pas un rôle de premier plan). Elles sont liées ensuite au fait que le populaire en soi a fait l'objet d'évaluations très contrastées au cours du développement des études culturelles, qui se sont détachées progressivement (et pour certains à tort) de leur défense inconditionnelle de la culture ouvrière. L'émergence du populisme et ses rapports avec le néo-libéralisme s'avèrent décisifs dans les nouvelles évolutions du populaire.The Popular in Cultural Studies
This article deals with the various ways in which the concept of “popular” has been dealt with in Cultural Studies. Roughly speaking, the dramatic variety of interpretations has to do first of all with the fact that Cultural Studies is not a homogeneous discipline : national traditions, for instance, continue to play a very important role, so that British Cultural Studies does not analyze the popular the same way as American Cultural Studies (there hardly exists any continental viewpoint on these matters). Second, the differences within the field are explained by the fact that the interpretation of the popular has shifted dramatically during the decades in which Cultural Studies developed as an autonomous disciplinary field, progressively ceasing to be the sole study of working class culture. The emergence of populism and its relationships with neo-liberalism play a decisive role in this shifting appreciation. - Débats et combats autour du populaire en Amérique latine - Jesús Martín-Barbero p. 78 La notion de « populaire » est saisie différemment en Amérique latine et en Europe, puisque là, le populaire est une forme d'hybridation des cultures indiennes, des programmes médiatiques et de la civilisation urbaine. Il s'agit d'abord de penser masse et populaire de manière autonome, en se gardant de tout discours de dénonciation, pour saisir en quoi les telenovelas, par exemple, produisent une oralité seconde porteuse d'une nouvelle dynamique culturelle pour le plus grand nombre. La culture populaire est ainsi un lieu de réappropriation, dans un artisanat indien remodelé par le design mondialisé, autre exemple, où l'hétérogénéité des productions n'empêche pas une reconstruction identitaire qui retisse des liens avec un passé qu'il est indispensable de réinterpréter.The concept of popular in Latin America
The concept of “popular” is seized differently in Latin America and Europe, since there, the popular one is a form of hybridization of the Indian cultures, programs media and urban civilization. It is initially a question of thinking mass and popular in an autonomous way, while keeping itself of any speech of denunciation, to seize in what the telenovelas, for example, produce a second orality carrying a new cultural dynamics for the greatest number. The popular culture is thus a place of reappropriation, in an Indian craft industry reorganized by the mondialized design, another example, where the heterogeneity of the productions does not prevent an identity rebuilding which weaves new links with a past which it is essential to reinterpret. - Le peuple, hier et aujourd'hui - Gilles Boëtsch p. 86 Le terme de peuple est polysémique. Il renvoie à un certain nombre de figurations : théologique, historique, raciale, sociologique, ethnologique. Il s'est ainsi vu proposé des définitions l'intégrant dans des formes naturalisantes puis naturelles, culturelles puis sociologiques. Le passage du concept de peuple à celui de population indique une rupture sémantique importante en construisant un objet mesurable, donc étudiable. Mais, contrairement au peuple, la population est un objet complexe qui échappe au projet politique. Et réduire la population au peuple, c'est introduire le nationalisme et le populisme dont la vérité non éclairée l'égare. La réalité du peuple d'aujourd'hui est une identité métisse qui propose et oblige à un nouveau mode de socialisation.The People, Yesterday and Now
The term of people is polysemous. It returns to a certain number of figurations : theological, historical, racial, sociological, ethnological. It thus was seen proposed definitions integrating it in natural, cultural, naturalizing forms, then sociological. The passage of the concept of people to population indicates an important semantic rupture by building a measurable object, therefore studied. But, contrary to the people, the population is a complex object which escapes from political project. And to reduce the population to the people, it's to introduce nationalism and populism whose nonenlightened truth mislays it. The reality of the people today is a crossbreeded identity which proposes and obliges with a new fashion of socialization.
- De Dèmos à Populus - Michel Grodent p. 19
II. Usages du populaire
- Littérature(s) populaire(s) : un objet protéiforme - Jacques Migozzi p. 95 Irréductiblement polysémique, l'appellation « littérature populaire » a pu désigner les « littératures de la voix », la littérature de colportage, ou encore les fictions imprimées de grande consommation. Dans tous les cas, les « littératures populaires » ont été opiniâtrement minorées par le canon culturel. Sans doute parce que, par-delà les alibis esthétiques, la condamnation des « mauvais genres » trahit l'inquiétude des élites face aux conséquences de la démocratie, en même temps que le déclassement de la « littérature industrielle » permet à la Littérature consacrée d'affirmer par contraste sa singularité distinctive. On s'interrogera dès lors sur les logiques de champs dont la recherche universitaire est redevable, comme en témoigne la persistance de dichotomies notionnelles discriminantes, que l'hybridité des textes et des usages sociaux invalide pourtant constamment.“Popular Types of Literature : a Protean Object, an Understatement That Dies Hard”Popular literature, a definitely polysemous form applies to types of literature involving voices, hawking, or else the printed fictions widely read since the advent of the serialized novel. In all cases, popular literature or popular types of literature have systematically been minimized by the cultural canon. Beyond the alleged aesthetic reasons, this condemnation of “irrelevant genres” betrays the elites' worried reaction to democracy and its consequences ; at the same time, the downgrading of “industrial literature” contributes to conversely reinforcing the distinctive status of established and accepted Literature. How can one then justify the fields academic research is indebted to, as is shown by the enduring discriminatory notional dichotomies which are however constantly gainsaid by the hybrid nature of texts and by social habits ?
- La "langue peuple" dans le roman français - Jérôme Meizoz p. 101 Durant l'entre-deux guerres, en France, suite aux changements sociaux répercutés dans le champ littéraire, nombre d'écrivains, de critiques, de grammairiens s'interrogent sur la place du « peuple » dans la représentation littéraire. Non seulement sur le rôle des personnages populaires dans le roman, comme le suggère le mouvement populiste né en 1930, mais également sur celui de la représentation de la langue parlée par le « peuple ». Plusieurs solutions s'ébauchent et font l'objet de débats (Ramuz, Giono, Queneau), dont la plus audacieuse peut être décrite comme une nouvelle narration oralisée, sanctionnée par le succès de Voyage au bout de la nuit (1932), de L.-F. Céline.The popular language in the french novel During the 1919-1939, many writers and critics think about the representation of popular language in the modern novel, and their political consequences. Not only about the popular characters, not only about the dialogues, but also about the techniques of narrative transposition of orality. Many solutions exist, and create violent debates between the critics and the writers. For example, Giono, Ramuz, Queneau or Cendrars use forms of oralisation in their narration. L.F. Celine is the most famous of these writers, because of the success of “Travel to the end of Night” (1932).
- "Succès oblige". Exaltation et instrumentalisation du populaire dans le Le Petit Journal à l'occasion de l'affaire Troppmann (1869) - Olivier Isaac p. 107 Premier quotidien populaire de masse en France, Le Petit Journal, fondé en 1863 par Millaud, va s'approprier l'affaire Troppmann, un fait-divers criminel survenu en 1869. Au fil de l'enquête, le chroniqueur vedette du Petit Journal, Thomas Grimm, n'a de cesse d'opérer une spectacularisation du journal et de son lectorat. L'analyse de cette exaltation et instrumentalisation du populaire permet d'éclairer les rouages des discours mass-médiatiques réflexifs et autosatisfaits tout en se livrant à une archéologie de notre complexe médiatique contemporain. Car en dépit de sa vétusté stylistique, la chronique de Grimm ici analysée fait de l'argument de l'audience son leitmotiv et jette les bases d'une rhétorique de l'émotion, deux pratiques éditoriales promises à un bel avenir.“Succès oblige”First mass newspaper in France, Le Petit Journal, founded in 1863 by Millaud, will take advantage of the Troppmann Affair, an assassination which has occurred in 1869, to increase its readership. During the coverage of the investigation, the main columnist of Petit Journal, Thomas Grimm, daily operate a “spectacularisation” of the newspaper and of its readership. The analysis of this exaltation and instrumentalisation of popular makes it possible to throw light on the particularities of the reflexive and selfsatisfied mass-media speeches, and to sketch out an archaeology of our contemporary media field. Indeed, in spite of its outdatedness stylistic, the Grimm's column, analyzed here, makes argument of the audience its leitmotiv, and develops a rhetoric of the emotions, two editorial characteristics promised with a brilliant future in the media.
- La télévision et le peuple, ou le retour d'une énigme - Jérôme Bourdon p. 112 Cet article retrace une étape essentielle dans l'histoire de la télévision européenne de service public : la transformation des représentations de son public – d'un public avide de savoir, à la fois de droite et de gauche, elle est passée à un public populaire qui vient en nombre chercher le loisir immédiat, une nouvelle forme de la « populace » d'Ancien Régime. Ce changement a précédé la mesure d'audience qui l'incarne et le confirme aujourd'hui. Le passage d'un public à l'autre pose un défi à la pensée de la culture populaire, emprisonnée l'élitisme traditionnel, le néo-élitisme « de gauche » qui s'avance masqué (sur le mode : bien conduit, le peuple aurait meilleur goût), un néo-populisme qui donne le primat au texte (Fiske) et un déni du public populaire traité comme une fiction (Hartley). Contre une pensée globale du populaire qui traite ensemble « le » public populaire et « la » télévision, il faut dépasser les hiérarchies culturelles implicitement ou explicitement à l'œuvre dans les paradigmes dominants.Television and the People, or the Return of a Riddle
This article recalls a major episode in the history of European public service television : the transformation of the representations of the public – from a “popular” audience, eager to be educated which came both from the right and the left, which still had a revolutionary people in view, the public became a popular audience eagerly seeking disreputable leisure in throngs : a return of the Ancient Regime's rabble. This episode constitues a challenge for theories of popular culture, all too often imprisonned traditional elitism, (left-wing) neo-elitism which claims than a non manipulated popular audience would have a “better taste”, a (left-wing) neo-elitism, a neo-populism which rehabilitates the popular audience by dissolving it into the texts (Fiske), and finally a denial of popular audiences treated as a “fiction” (Hartley). Against a global view of television and its audience, it is necessary to go beyond the cultural hierarchies implicitly or explicitly at work in the dominant paradigms. - De la presse people au populaire médiatique - Philippe Marion p. 119 Les productions médiatiques contemporaines trouvent peut-être leur matrice dans le populaire, comme en atteste le développement important de la presse people. Si les personnalités qui y sont présentées n'appartiennent pas au peuple, elle sont néanmoins populaires, dans le sens où elles plaisent à un public très large, dans un jeu de tension entre accessibilité et inaccessibilité. Cette presse joue un rôle de médiation, d'intercession, dans une logique de proximité qui contamine aussi la télévision, dans les talks-shows comme les émissions de télé-réalité. En dépassant le discours fondé sur l'aliénation des masses, on pourrait utiliser cette forme d'ascenseur tant descendant qu'ascendant comme outil de transformation sociale.From press people to popular media
Perhaps the contemporary media productions find their matrix in the popular one, as the significant development of the press people attests it. If the personalities which are presented there do not belong to the people, they are nevertheless popular, in the way they please a very large audience, in a play of tension between accessibility and inaccessibility. This press plays a part of mediation, of intercession, in a logic of proximity which contaminates also television, in the talks-shows like the emissions of real-tv. By exceeding the views based on the alienation of the masses, one could use this shape of elevator as well descendant as ascending like tool of social transformation. - Education populaire : une histoire française - Geneviève Poujol p. 126 L'Éducation populaire apparaît en France à la fin du xixe siècle, quand l'École devient un enjeu politique important, qui voit s'affronter catholiques et laïques. C'est pour se situer par rapport à la montée du mouvement ouvrier que le monde catholique va « aller au peuple », via des structures de formation liées à des associations de jeunesse chrétienne. Les laïques répondront à travers la création de La Ligue de l'Enseignement, et plus tard des Universités populaires, liées à des partis de gauche. Dans les années 1960, ces modèles seront balayés par la notion d'animation socioculturelle, qui va être prise en charge par des professionnels payés par l'État.Adult Education
Popular education appears in France at the end of the 19th century, when the School becomes an important political stake, which sees to clash catholic and laic. It is to be located compared to the rise of the labour movement that the catholic world “will go to the people”, via organizations of formation related to associations of Christian youth. The laymen will answer through the creation of the Ligue de l'Enseignement, and later popular Universities, dependent on parties of left. In the Sixties, these models will be swept by the concept of sociocultural animation, which will be dealt with by professionals paid by the State. - Le populaire à l'épreuve des situations marchandes : "popu-chic" et " chic-popu" chez Tati - Emmanuelle Lallement p. 131 Quelles formes prennent les dispositifs marchands dits « populaires » ? À partir de l'exemple des magasins Tati de Barbès, dans le 18e arrondissement de Paris, l'article examine les conditions sociales et historiques du développement de cette enseigne et propose une analyse des modes de sociabilité à l'œuvre chez Tati en particulier et à Barbès en général. Il montre enfin en quoi cet espace social particulier a contribué, dans les années 1990, à l'avènement du « chic-popu ».Development of a Popular Style in Commercial Places : the Example of Tati Shops in Paris
The author examines the so-called “popular” shopping networks and facilities. Taking the example of the Tati stores in Barbès, in the 18th district of Paris, she examines the social and historic conditions of the development of this brand, and offers an analysis of the different types of social relations at work at Tati in particular and Barbès in general. Lastly, she demonstrates how this particular social environment contributed to the arrival of “popular-chic” in the nineties. - Distinctions culturelles et lutte de soi contre soi : "détester la part populaire de soi" - Bernard Lahire p. 137 La frontière entre légitimité et illégitimité culturelles ne sépare pas seulement les pratiques des différentes classes sociales, mais divise plus ou moins fortement, dans toutes les classes, les différentes pratiques et préférences culturelles des mêmes individus. Les processus de distinction culturelle ne mettent donc pas seulement en jeu les classes sociales et leurs luttes symboliques pour le monopole de la définition légitime des goûts légitimes, mais concernent tout aussi bien la variation (diachronique et synchronique) intra-individuelle des pratiques. La figure du « populaire » sert ainsi fréquemment de repoussoir dans les luttes de soi (légitime) contre soi (peu légitime) que mènent tous ceux qui, étant donné la mixité de leurs pratiques culturelles, expriment une peur de la régression ou de la chute culturelles. Si le monde social est, sans conteste, un champ de luttes entre groupes ou classes, les individus aux profils culturels hétérogènes ou dissonants sont souvent eux-mêmes les arènes d'une lutte des classements.Cultural Distinctions and Struggle within Oneself : “Hating One's Own Popular Part”The boundary between “cultural legitimacy” and “cultural illegitimacy” separates not only the different social classes, but also the different cultural practices and preferences of the same individuals in all classes. The cultural distinction process bring into play not only social classes and their symbolic struggles for the monopoly of legitimate definition of legitimate tastes, but also the intra-individual (diachronic and synchronic) variation of behaviours. The “popular” figure frequently serves also as a foil in the struggles of oneself (legitimate) against oneself (illegitimate) that lead all those who express a fear of cultural regression or fall because of their cultural practices mixity. If social world is, indisputably, a field of struggles between groups or classes, individuals characterized by heterogeneous or dissonant cultural profiles are themselves often the arenas of a classifications' struggle.
- Littérature(s) populaire(s) : un objet protéiforme - Jacques Migozzi p. 95
III. Avatars du populisme
- La politique du peuple (1789-1871) - Roger Dupuy p. 147 Les interrogations nouvelles des historiens modernistes sur la culture populaire, celles des anthropologues du politique concernant la politique au village ou dans les milieux ouvriers des grandes villes, nous incitent à postuler l'existence dès l'Ancien Régime d'une politique populaire dont on avait jusqu'ici remarqué surtout les manifestations extrêmes : émeutes frumentaires ou anti-fiscales, jacqueries anti-seigneuriales. Cette politique du peuple est fondée sur la survie des communautés de base (paroisses, quartiers) qui se résignent à l'ordre des choses tant que les seuils de l'intolérable ne sont pas franchis. L'insurrection a donc pour but un retour à l'ordre que le pouvoir doit assurer face aux agressions qui menacent les communautés. En France, La Révolution de 89 a remis en cause cet ordre des choses, les initiatives et exigences de la Nation ont reçu l'assentiment populaire quand elles correspondaient aux impératifs de la politique du peuple et cela jusqu'à l'écroulement du Second Empire. Il semblerait qu'il faille voir dans la politique du peuple, les racines de ce que politologues et historiens appellent le populisme.The Policy of the People (1789-1871)The new questions of the historians on the popular culture, those of the anthropologists of the policy concerning the policy in the village or in the working classes of the cities, encourage us to postulate the existence as far back as the “Ancien Régime” of a popular policy which one had noticed up to now especially the extreme demonstrations : anti-tax riots or massacres against the nobility. This policy of the people is founded on the survival of the basic communities (parishes, districts) which resign themselves to the established order as long as the thresholds of intolerable are not crossed. The purpose of the rebellion is thus a return to the order which the power must ensure against the aggressions which threaten the communities. In France, the Revolution of 89 doubt this order, the initiatives and requirements of the Nation received the popular approval when they corresponded to the requirements of the policy of the people and that until the collapse of the Second Empire. It would seem that it is necessary to see in the policy of the people, the roots of what political scientists and historians call the populism.
- Le populisme : de la valorisation à la stigmatisation du populaire - Annie Collovald p. 154 La notion de « populisme » s'est complètement transformée au cours du temps. Valorisant hier le populaire, elle le stigmatise aujourd'hui. Les usages actuels du « populisme du FN » en témoignent. S'ils font désormais consensus pour désigner dans les groupes populaires les principaux soutiens du parti frontiste, c'est au prix d'une naturalisation des interprétations du succès politique du FN oubliant le rôle des élites politiques et sociales, au prix également d'un changement de perspective sur l'autoritarisme et la signification concrète de l'appel au peuple dans l'histoire sociale de la construction des démocraties.Populism : From the Eulogy to the Stigmatization of “People's Politics”The meaning of the notion of “populism” has thoroughly changed over time. While in the past it was used in order to celebrate people's, it nowadays is used in order to stigmatize it. Current uses of the notion of the “populism of the Front National” give testimony to this change, for they help put forward the idea that the main constituency of this party is made of the “lower classes”. But this hypothesis has a high analytical cost, for it implies that the interpretation of the political success of the Front National is then seen as taken-for-granted. Hence, nothing is said anymore about the role played in this success by social and political elites. Moreover, putting the blame of the renewal of hatred-prone “populism” on people's politics is a way to dangerously shift the perspective on the social history of the process of the building of modern democracies by erasing the role played by people's mobilizations.
- Votes populaires, votes populistes - Nonna Mayer p. 161 Le Front national, en se revendiquant du populisme, s'inscrit dans une mouvance très répandue en Europe, qui pourrait se caractériser par le refus de la médiation, l'appel au peuple contre les élites. Mais la méfiance envers un personnel politique considéré comme corrompu est, par exemple, aussi fréquente dans l'électorat d'extrême gauche. L'électeur du FN se distingue plutôt par son ethnocentrisme, son rejet des autres. Et populiste n'est pas nécessairement synonyme de « populaire ». La catégorie sociale la plus défavorisée, celle des ouvriers, est plus représentée dans l'électorat du PC ou des Chasseurs que dans celui du FN, qui fait de meilleurs scores chez les artisans, les industriels et les professions libérales. Les milieux populaires se singularisent d'abord par leur abstentionnisme. L'extrême droite est donc à la fois moins « populiste » et moins « populaire » qu'il n'y paraît.Popular Votes, Populist Votes
The National Front's claim to be populist makes it part of very widespread movement in Europe, which could be characterized by the refusal of mediation, the call to the people against the elite. But mistrust towards a political personnel considered as corrupt is, for example, also widespread in the electorate of extreme left. The voter of the FN is characterized rather by his ethnocentrism, his rejection of the others. And populist is not necessarily synonymous with “popular”. The most disadvantaged social category, that of the workmen, is more represented in the electorate of the PC or the Hunters that in the FN, which makes better scores by the craftsmen, the industrialists and the liberal professions. The popular classes are distinguished initially by their abstentionism. The extreme right is thus at the same time less “populist” and less “popular” than it does appear. - Populisme et stigmatisation d'une lutte ouvrière : l'affaire "Clabecq" - Geoffrey Geuens p. 167 La couverture médiatique du conflit social des Forges de Clabecq s'est caractérisée par le développement croissant de stéréotypes censés rendre compte de la personnalité très singulière du chef de file de la délégation syndicale. Populiste, extrémiste, dictateur, gangster ou encore gourou, les figures journalistiques du leader « prolétarien » se sont succédé tout au long du conflit. Cette criminalisation croissante du mouvement social s'explique par l'intensité des enjeux politiques de ce dossier mais aussi par la méconnaissance profonde de la classe ouvrière dans le chef de journalistes appartenant pour la grande majorité d'entre eux aux classes moyennes.Populism and Criminalization of an Industrial Struggle. The Clabecq Affair
The journalistic coverage of the social struggle of the Forges de Clabecq was characterized by the growing development of stereotypes which were supposed to describe the very singular personality of the trade unionist leader. Populist, extremist, dictator, gangster or even guru, the journalistic figures of the proletarian leader followed one another throughout the conflict. This growing criminalization of the social movement is explained by the intensity of the political stakes of this affair but also by the deep ignorance of the working-class in the case of journalists who belong to the middle class. - Le phénomène Berlusconi : ni populisme ni vidéocratie, mais néo-politique - Pierre Musso p. 172 Silvio Berlusconi constitue un phénomène original, et même un cas unique, puisqu'il est le seul chef d'entreprise du secteur des médias qui accède, à deux reprises, aux fonctions de Premier ministre dans une grande démocratie. L'arrivée au pouvoir du dirigeant de la grande entreprise de la communication répond à la crise de la représentation politique et inaugure dans l'Europe latine, une « néo-politique ». Comme toute figure symbolique, l'image de Berlusconi est ambivalente et ne peut laisser indifférente. Si Berlusconi suscite tant de réactions d'adhésion ou de rejet, c'est parce qu'il inscrit toute son activité publique dans l'espace de l'image, de la séduction et de l'émotion, plus que dans le champ rationnel et traditionnel de la représentation politique. Il sait être l'ordonnateur du débat public en le dramatisant autour de clivages simplistes, notamment pour ou contre l'État, pour ou contre l'impôt... Il promeut ainsi une politique faite de passions et de croyances, comme dans une fiction télévisuelle. Le phénomène ne relève pas pour autant du populisme, voire du « télépopulisme ».The Berlusconi Phenomenon
Silvio Berlusconi represents an original phenomenon, or even a unique case, in that he is the only company manager from the world of media who twice rose to the office of Prime Minister in a major democracy. The coming to power of the manager of this large media firm is an answer to the crisis of political representation ; it ushers in a “neo-policy” in Latin Europe. Like any symbolical figure, Berlusconi's image is ambivalent and cannot leave indifferent. If Berlusconi gives rise to so many reactions of support or rejection, that is because he places his whole public activity in the field of image, seduction and emotion rather than in the rational and traditional field of political representation. He knows how to organize public debate by dramatizing it around simplistic divides, such as for or against State, for or against taxes... Thus he promotes politics built on passions ans beliefs, as in a television fiction. For all that, the phenomenon does not fall into populism, nor even into “telepopulism”. - La dérive populiste en Europe centrale et orientale - Henri Deleersnijder p. 181 Depuis la disparition du bloc soviétique émergent, dans les pays d'Europe centrale et orientale, des partis aux programmes attrape-tout et à la rhétorique démagogique. Même s'ils sont loin d'avoir raflé la mise lors des élections européennes de juin 2004, leurs leaders charismatiques pourraient bien à terme faire école, à la faveur du désarroi de populations précarisées par une libéralisation tous azimuts. Raison de plus pour être attentif au phénomène populiste que ces formations politiques et hommes incarnent, d'autant qu'il est présent dans la plupart des vingt-cinq États de l'Union.Populist Drifts in Central and Eastern Europe
Since the disappearance of the Soviet block political parties with simplifying programmes and demagogical rhetoric have been emerging in the countries of Central and Eastern Europe. Even if these were far from getting the upper hand at the last European elections in June 2004, their charismatic leaders might eventually set a model thanks to an outrageously liberal policy that has left the population helpless and confused and has jeopardized their situation. This one more reason to beware of the populist phenomenon embodied in those political groups and men, especially as this phenomenon is to be seen in most of the twenty-five states of the Union.
- La politique du peuple (1789-1871) - Roger Dupuy p. 147
Dossier : le Brésil en proie à ses contradictions
- Les contradictions d'un parti au pouvoir - Clóvis de Barros Filho et Bernardo Issler p. 189
- Lula, une présidence protocolaire - Francisco Rudiger p. 194
- La construction médiatique d'un président communiquant - Juremir Machado da Silva p. 196
- Le Brésil dans la société de l'information : gouvernement Lula, copyleft et logiciels libres - André Lemos et Pedro A. D. Rezende p. 198
Hommages
- A Hubert Curien (1924-2005). Statesman of science - Par Jean-Jacques Salomon p. 209
- A Olivier Dollfus (1931-2005). De la passion des Andes au déchiffrement du Monde - Par Jean-Paul Deler p. 214
Lectures
- Jean-Bernard Ouédraogo, Arts photographiques en Afrique. Technique et esthétique dans la photographie de studio au Burkina Faso, Paris, l'Harmattan, coll. "Logiques sociales", 2002 - (par Catherine Bouvard) p. 221
- Ronan le Coadic (dir.), Christian Demeuré-Vallée (coord.), Identités et démocratie. Diversité culturelle et mondialisation : repenser la démocratie, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2003 - (par Patrice Meyer- Bisch) p. 222
- Jérôme Segal, Le Zéro et le un. Histoire de la notion scientifique d'information au XXe siècle, Paris, Syllepse, 2003 - (par Julie Bouchard) p. 224
- Jean-Marc Régnault, Taui, ou le pouvoir confisqué, Moorea, Editions de Tahiti, 2004 - (par Tamatoa Bambridge) p. 225
- Valérie Carayol, Communication organisationnelle : une perspective allagmatique, Paris, L'Harmattan, coll. "Communication des organisations", 2004 - (par Anne-Marie Laulan) p. 227
- Régine Chaniac, Jean-Pierre Jézéquel, La Télévision, Paris, La Découverte, coll. "Repères", 2005 - (par Isabelle Veyrat-Masson) p. 229
- Organisation Internationale de la Francophonie, Haut Conseil, La Francophonie dans le monde 2004-2005, Paris, Larousse, 2005 - (par Anne-Marie Laulan) p. 231